Chapitre 3 François Ier et Henri IV 1515 - 1610


Chapitre 3 
François Ier et Henri IV
1515 – 1610

François Ier
Henri IV





François Ier
Au début du XVIe siècle, la France domine la chrétienté. Sa puissance s’appuie sur deux éléments : l’importance de sa population et des richesses produites d’une part, le renforcement du pouvoir royal depuis la fin de la Guerre de Cent Ans d’autre part.
Avec François Ier (1515-1547), on passe de l’univers féodal à une organisation des pouvoirs royaux qui créent les conditions d’émergence de ce qui deviendra plus tard, sous Louis XIV, la monarchie absolue dans sa version la plus flamboyante. Le roi de France impose son autorité dans les domaines religieux (concordat de Bologne en 1516 qui lui donne un pouvoir sur l’Église dans son royaume dont ne disposait jusqu’alors aucun autre souverain catholique), et financiers : pour l’impôt, le roi se passe de l’avis des contribuables ; il contraint les villes et le clergé à lui consentir des prêts qui ne sont jamais remboursés.
Le pouvoir d’attraction de Paris et l’" appel d’air " provoqué par la centralisation monarchique impose le français de la langue d’oïl dans les actes officiels (ordonnance de Villers-Cotterêts, 1539).
François Ier fonde trois institutions majeures pour le prestige du royaume : le Collège de France, la Bibliothèque nationale et le Louvre.
A la tête d’un pays riche et peuplé, le roi peut concentrer des moyens importants pour mettre en scène luxe, richesse et faste, qui deviendront au fil du temps la " marque de fabrique " de la monarchie française jusqu’en 1789. Des résidences secondaires royales poussent sur les bords de Loire comme des champignons. La cour, environ 10 000 personnes, mène une existence nomade de grand luxe en se déplaçant de château en château.
La France se sent-elle à l’étroit dans ses limites ? Charles VIII, puis Louis XII et François 1er se lancent dans les guerres d’Italie. A cette époque, nous changeons d’ennemi héréditaire : ce n’est plus l’Angleterre comme au siècle précédent mais les Habsbourg, lorsque Charles Quint se retrouve à la tête d’un véritable empire : l’Autriche, les Pays-Bas bourguignons, la Flandre, l’Artois, la Franche-Comté, l’Espagne et ses possessions américaines, ainsi que le Royaume de Naples[1].



 Au Camp du Drap d’Or, en 1520, le souverain français reçoit son ami anglais avec un tel étalage de " suffisance " qu’il indispose ce dernier et échoue à construire avec lui une alliance contre Charles Quint.


                                                     

  François 1er             

             


 Henri VIII

On glorifie Marignan 1515 ; on préfère oublier la défaite de Pavie, en 1525. Dans cette bataille, se renouvelle la tactique militaire désastreuse des Français, faite d’impétuosité et de prétention : le roi aurait gêné sa propre artillerie en chargeant devant elle à la tête de la cavalerie. Les cavaliers français, engoncés dans leurs lourdes armures, sont tirés comme des lapins par les arquebusiers espagnols (les fameux tercios). C’est le plus grand massacre de nobles français depuis Azincourt.




Tandis que la royauté française est toute occupée par ses guerres contre ses voisins continentaux, guerres qui lui rapportent à chaque fois de nouveaux territoires, ailleurs en Europe d’autres naviguent et prolongent les anciennes routes maritimes vers l’Afrique et l’Asie du Sud, d’autres encore explorent et découvrent un " Nouveau Monde ".
Les Portugais cherchent une nouvelle route vers l’Orient pour éviter le passage obligé par la Méditerranée. Aux désordres qui ont suivi la désintégration de l’empire mongol s’est ajoutée la montée en puissance des Ottomans (prise de Constantinople en 1453). La raréfaction de l’arrivée de produits orientaux (épices) et la reprise démographique et économique en Europe qui décuple la demande stimulent la recherche d’une nouvelle voie d’approvisionnement. L’aventure commence en 1434 par le franchissement du cap Bojador, le Cap Vert en 1444, l’Equateur en 1471, l’embouchure du Congo en 1482, le cap des Tempêtes (Bonne Espérance) en 1485. Vasco de Gama part de Lisbonne en 1497, double le Cap à la fin de l’année, atteint Calicut en 1498 et revient à Lisbonne en 1499.
La suprématie de la Méditerranée est frappée à mort en ce petit matin du vendredi 12 octobre 1492 lorsque, du haut de son mât, après épreuves et découragement, un marin de Christophe Colomb peut enfin crier : « Terre ! » L’Atlantique finira par l’emporter.







Henri IV
Henri IV (1589-1610) reste le roi le plus populaire pour les Français. Avec lui, s’inaugurent les " couples célèbres " formés par un roi et son ministre préféré. Henri IV et le bon Sully, Louis XIII et le bon Richelieu, Louis XIV et le bon Colbert…
Grâce à Sully, il restaure les finances du royaume ruiné par les guerres de religion et contribue au redressement économique du pays en s’appuyant sur son entourage d’origine protestante et mercantiliste. Il renforce ainsi le caractère centralisateur de l’État royal. Par sa volonté, se met en place une armature industrielle planifiée : manufacture des armes à Tulle, des glaces à Saint-Gobain, du drap à Sedan. L’intervention royale dans le développement manufacturier est la " marque de fabrique " de la France. Elle commence avec Henri IV, se poursuit sous Louis XIII et s’épanouit avec Louis XIV et Colbert.
L’" industrialisation " des campagnes est sans doute la raison pour laquelle la France a vu progressivement émerger une paysannerie libre du féodalisme, alors que le servage se maintenait ailleurs, notamment en Europe centrale. Les marchands bourgeois ont fait des paysans des travailleurs industriels à domicile, passant d’un statut de dépendance de la protection nobiliaire à une dépendance du capitalisme montant.
En 1600, la France est aussi peuplée que le Saint Empire Romain Germanique, environ 20 millions d’habitants.


[1] Au XVIe siècle, on disait de l’empire de Charles Quint qu’il était le « chemin de ronde des Habsbourg encerclant la France. »

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