Chapitre 16 De la Guerre de Trente Ans au référendum de 2005, la fin du suicide européen


Chapitre 16
De la Guerre de Trente Ans au référendum de 2005,  la fin du suicide européen






Sur un grand quart Nord-Est, dont la limite méridionale serait la Seine, le plateau de Langres et Belfort, les guerres européennes impliquant la France y ont laissé leurs traces sanglantes : Bouvines, Crécy, Azincourt, Rocroi, Fontenoy, Valmy, Frœschwiller, Sedan, le siège de Paris, la Marne, Verdun, le Chemin des Dames, Vimy, la débâcle de 1940, l’occupation jusqu’en 1944, la Normandie, les Ardennes…Toutes les armées européennes, notamment celles de la France et de l’Allemagne, ont labouré ces terres.
Il revenait donc à ces deux nations, incarnées alternativement par de Gaulle et Adenauer, puis par Mitterrand et Kohl, de mettre un terme à une guerre civile européenne ouverte depuis très longtemps, bien avant 14-18, depuis la Guerre de Trente Ans (1618-1648).


Force est de constater que les Français, en matière de bellicisme, de nationalisme exacerbé et de délire de grandeur, n’ont de leçons à recevoir de personne. Ainsi que le rappelait le président Mitterrand à un premier ministre danois en visite : « vous êtes le seul pays d’Europe contre lequel nous n’avons jamais été en guerre. »
Attention, une guerre peut en cacher une autre, chacune contenant les prémisses de la suivante :
·         1939-1945 : pour les Allemands, il s’agissait de laver l’affront du traité de Versailles ; cf. la guerre précédente ;
·         1914-1918 : le scénario est le même, mais à l’envers : pour les Français, il s’agissait de laver l’affront de la guerre de 1870 et la perte de l’Alsace-Moselle ;
·         1870-1871 : il s’agissait pour Napoléon III de venger l’affront subi par son oncle, Napoléon Ier, après la retraite de Russie ;  
·         1812-1813 : la VIe coalition, dont la Prusse, avait vocation à venger les humiliations militaires infligées par Napoléon Ier depuis Auerstedt et Iéna en 1806 ; sans oublier Valmy en 1792 ;
·         1756-1763 : la Guerre de Sept Ans, la France contre la Prusse.
·         1686- 1697 : la Guerre de la Ligue d’Augsbourg, opposant la France à une coalition comprenant le Saint Empire Romain Germanique ;  
·         1618-1648 : la Guerre de Trente Ans.

Cette dernière mérite que l’on s’y arrête ; c’est la première guerre civile européenne, avant celles du XXe siècle ; c’est une guerre d’extermination, où des nations européennes (Autriche, Danemark, Suède, France) s’étripent sur le sol allemand.  
Le grand perdant est le Saint Empire Germanique, politiquement démembré, économiquement ruiné, démographiquement ravagé, dans une Europe où triomphe l’hégémonie française. L’Allemagne, parcourue pendant 30 ans par des armées cosmopolites, peu disciplinées, mal payées, souvent conduites par des condottieri avides, sort du conflit considérablement appauvrie.
Aux destructions matérielles s’ajoute un bilan humain effroyable. La guerre a entraîné des déplacements de populations et des migrations qui se sont accompagnés d’épidémies et de disettes ; Mecklembourg et Poméranie, Brandebourg, Thuringe, Hesse, Bavière, Wurtemberg, Palatinat, Trèves ont perdu jusqu’aux deux tiers de leurs habitants. Les paysans ont été les plus touchés, ayant été bien malgré eux les principaux pourvoyeurs des armées en vivres et en fourrage.
Moins affectés, les autres pays se relèvent assez rapidement, tandis que l’Allemagne portera les traces matérielles de la guerre pendant un demi-siècle et ses traces morales plus longtemps encore.
Quelle relation avec le référendum sur le Traité Constitutionnel de mai 2005, où le NON l’avait emporté ? Le choix pouvait être exprimé en ces termes simples : une " France européenne ", pragmatique et modeste ou une " Europe française ", le vieux rêve d’antan.
Ah, ces fameuses vertus supposées des nations ! Un peuple qui associerait la spiritualité française, la rigueur allemande, la tolérance batave, l’humour britannique, la fierté espagnole et la fantaisie italienne ne serait-il pas le plus épanoui et le plus brillant du monde ? Mais c’est qu’il existe ce peuple, c’est le peuple européen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire